Ce reportage témoigne du quotidien d’une ferme d’élevage dans laquelle trois générations se côtoient. Le temps de la passation est arrivé et la transmission ne se passe pas sans conflits. C’est l’histoire d’une entreprise qui se porte à merveille, qui dégage du profit, très loin des discours misérabilistes sur un monde agricole qui lutte (qui existe bien sûr). Ici, tous travaillent avec passion, force et détermination, mais la famille élargie améliore à chaque génération l’outil de production. C’est une réussite. Ces agrimanager vivent très bien, sans miser dans une agriculture productiviste à outrance, mais en faisant plutôt le choix d’une agriculture raisonnée.
Texte complet sur demande 14000 signes. Extrait :
La ferme.
Nous sommes en Haute-Savoie, dans la petite plaine lémanique, à la frontière suisse, à 15 minutes du Grand Genève, métropole européenne. La ferme est située sous le couloir aérien de l’aéroport, un avion la survole toutes les minutes. Dans le dos de la ferme, les Alpes des stations de skis, du tourisme vert et des alpages. En face, le lac et les propriétés de riches Saoudiens et Emiratis. Drôle de monde, on ne voit rien de tout cela depuis la ferme, on est à la ferme, point. Chaque génération se lie dans le bâti. Les grands pères avaient élevé la première étable avec sa grange en face de la maison, elle-même témoin de l’agriculture d’autosubsistance des ancêtres.
Les hommes.
La main a été passée depuis peu. Lionel a marié la fille, entré dans la famille par l’alliance, c’est le plus âgé de la nouvelle génération, solide et talentueux. Jeune ouvrier agricole, il cherche à s’installer, rachète une affaire, une ferme en ruine avec des quotas laitiers intéressants. Aujourd’hui associé, il apporte ses quotas A.O.C à l’exploitation familiale. Il se charge surtout des champs pour le fourrage.
Les vaches.
Le cheptel a belle allure, une centaine de Montbéliardes et autant de génisses. C’est l’automne, les alpages se vident, les récoltes stockées sont prêtes pour l’hiver, il ne reste que les betteraves à arracher. Les terres commencent à être labourées, fumées, semées, traitées, pour l’année prochaine. On ne peut que penser aux enluminures du calendrier des travaux agricoles, le Rustican ou « livre des produits champêtres et ruraux », ce traité d’agriculture de Pietro de Crescenzi rédigé à Bologne vers 1305, que les élèves de cinquième de la République découvrent dans leur livre d’Histoire.
Des Photographies de cette série ont été publié dans la revue d'anthropologie brésilienne:
Ilha Revista de Antropologia/ universidade federal de santa catarina. programa de Pos-graduação em Antropologoa Social. V.14, numero 1 e 2 (2012) Florianopolis: UFSC/ PPGAS, 250 p. ISSN 1517-395X
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